C'est aujourd'hui le 71e anniversaire de l'appel du Général de Gaulle.
Depuis cette terre étrangère,... depuis Londres,... depuis les locaux de la BBC, l'Homme de la France osait s'adresser aux Français.
La voix grave et paternelle du Général résonnait sur les postes TSF, et seule, en ce soir du 18 juin 1940, une poignée de Français entendirent le message.
Les années ont passé. La France de 2011 n'est plus celle de 1940... et pourtant ce message a pour nous tous, une valeur intemporelle. C'est à un effort de mémoire que nous devons nous livrer. Plus qu'un effort... à un devoir.
Il faut savoir se replacer dans un contexte. Il faut aller au-delà du sens des mots pour comprendre l'Acte de courage qu'ils supposent. Il faut pouvoir imaginer la force de ce militaire, Général certes, mais isolé et venant de quitter la France à peine 2 jours plus tôt pour rejoindre l'Angleterre.
Seul, hors de France... Seul, face à l'Allemagne victorieuse... Seul face à la défaite et à la noirceur du destin qui frappait notre pays... Seul, enfin dans la posture héroïque de la Résistance.
La soliture est la grande compagne des Politiques - dit-on souvent.
Je croix que dans l'histoire de France, rarement un homme d'Etat a pu ressentir à ce point, ce sentiment de solitude et le poids des souffrances et des malheurs de notre Nation. Le Général de Gaulle fût donc le premier résistant. Là est l'essentiel. Là est le massage.
Mais résister, c'est aussi, c'est surtout défendre ce à quoi l'on croit. Chez le Général de Gaulle - dont on connait l'affection qu'il portait au poète Charles Peguy -, la croyance, les convictions sont avant tout une question de foi. Au sens presque religieux. De foi, au sens de fidélité et d'attachement.
Résister signifiait donc croire. Croire au-delà du doute, au-delà des hésitations propres à l'homme, fait de passions et de faiblesses.
Le Général croyait en la France. Comme au fond du coeur, nous devons tous y croire. Croire au sens le plus fort que nous ne pouvons admettre une quelconque soumission à un pays tiers. Croire aussi en les valeurs absolues de liberté et d'égalité. Croire que notre pays est une nation singulière, égale bien sûr, mais différente des autres nations. Parce que la première peut être, le France a su se libérer de chaines matérielles et spirituelles qui entravaient l'émancipation des peuples et leurs libertés.
Croire en l'appel du Général de Gaulle c'est, je le pense, croire en ces quelques vérités.
Au nom de la République et de l'ensemble des concitoyens de notre commune, merci de votre attention pour l'hommage que nous venons de rendre au général de Gaulle, à l'esprit de la Résistance et aux valeurs qu'incarnent notre Nation.
Vive la France et vive Cavalaire-sur-Mer !
Annick Napoléon
Maire de Cavalaire-sur-Mer
Conseillère Régionale Provence-Alpes-Côte d'Azur
Message de Gérard LONGUET, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants à l'occasion de la journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi
Nous commémorons ensemble, aujourd'hui, le 71e anniversaire de l'Appel historique du général de Gaulle à poursuivre la lutte contre l'ennemi, lancé de Londres le 18 juin 1940.
Souvenons-nous : ces semaines-là, les Français sont les acteurs ou les témoins impuissants d'une tragédie nationale. L'humiliation militaire s'achève par une défaite écrasante que rien ne laissait prédire et que rien ne semble pouvoir endiguer. En cet instant pathétique, ce 18 juin 1940, la France a perdu la guerre.
Pourtant, ce même jour, au mépris des évidences du moment et avec une fulgurante prémonition, un général inconnu, adresse, depuis Londres, un vibrant message aux Français. Il y refuse le renoncement, il les exhorte à poursuivre la lutte aux côtés des Alliés, il les adjure de ne pas perdre espoir en la victoire.
En quelques phrases à l'écho lointain, le Général de Gaulle entre, ce 18 juin, dans l'Histoire.
En entretenant, aujourd'hui encore, le souvenir de cet Appel, nous ne rendons pas seulement hommage à l'homme qui dit non, au chef de guerre exceptionnel qui incarna l'honneur d'un pays asservi et à l'homme d'Etat qui prit en main le destin de la France. Nous honorons la mémoire de celles et ceux, épris d'idéal, de justice et de liberté, qui, au péril de leur vie, malgré la traque, la répression et la torture, eurent le courage de relever la tête et de poursuivre le combat.
A ces Français, unis dans une même espérance, je veux aujourd'hui rendre l'hommage appuyé qui leur est dû.
Français Libres venant de métropole, des départements ou des territoires d'outre-mer et des vastes espaces qui constituaient alors l'Empire, résistants de l'intérieur, de toutes convictions, qui choisirent de mener le combat sur le territoire national, ils ont tous mérité de la patrie.
En cette année des Outre-mer, un hommage tout particulier doit être rendu aux ressortissants de ces terres lointaines qui ont fait le choix de la Résistance.
Malgré l'éloignement de la Mère Patrie ou, peut-être, à cause de cet éloignement qui en faisait les dépositaires isolés d'une cause sacrée, nos compatriotes ultra-marins rejoignirent en masse le camp de la dignité et de l'honneur.
Dès l'été 1940, refusant le joug de Vichy représenté par l'amiral Robert, la dissidence se fait jour et s'enracine aux Antilles.
Tandis que certains s'organisent localement en groupes de résistance, tel Aimé Césaire avec la revue Tropiques, plusieurs milliers de jeunes antillais choisissent la voie de l'exil en rejoignant les îles britanniques de la Dominique et de Sainte-Lucie pour participer, au sein des FFL, aux rudes combats contre les forces de l'Axe.
Le 2 septembre 1940, l'Océanie française rejoint la France libre. Le bataillon du Pacifique se couvre alors rapidement de gloire dans la guerre de course qu'il mène dans le désert libyen contre l'Afrikakorps et les troupes italiennes.
L'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est libéré de la férule dégradante de Vichy dès décembre 1941, puis c'est au tour de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane qui se libèrent par elles-mêmes, en 1943.
Ces événements sont le fait de femmes et d'hommes unis dans un même amour de leur patrie meurtrie et dans un même rejet de la compromission et de l'injustice. Ils furent, en cela, les dignes compagnons de Félix Eboué, grande figure de l'Outre-mer, originaire de Guyane, qui reste, en tant que Gouverneur du Tchad, l'un des premiers à avoir répondu à l'appel du 18 juin.
A la hauteur de ce refus de la capitulation, de cet inflexible orgueil national, et cette fière fidélité à nos valeurs, nous commémorons ce souvenir et nous inclinons devant leur mémoire.
Gérard LONGUET
Ministre de la Défense et des Anciens Combattants
Texte de l'appel du 18 juin 1940
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ?
Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.
Le Général de Gaulle